- Pour ceux qui aiment : La nervosité du Grime, la moiteur du Dancehall, passer d'un continent à l'autre en un seul morceau. Les disques pas drôles et dansants à la fois. La grisaille anglaise et les accents ensoleillés.
- À écouter pendant : Une soirée entre amis durant laquelle vous pensiez préparer et boire de nombreux cocktails à base de rhum, mais que vous avez annulé, et c'est tant mieux parce que vos amis ont des goûts de chiotte (musicalement parlant).
Ah, le rap anglais... Toute une histoire ! Et pas assez d'une vie pour tout raconter, tellement cette scène est vivace, riche, multiple, bref, incroyable. Spécialistes des mélanges de genres, nos amis buveurs de thé, véritables alchimistes musicaux qui jouent autant avec les diverses sonorités de l'electro qu'avec les dernières tendances rap, n'ont pas leur pareil pour mettre à l'amende le reste du monde. Ils (et elles !) nous l'ont prouvé à de nombreuses reprises, et pas seulement dans la catégorie Grime : une nouvelle vague a fait son apparition au milieu des années 2010 et commence à faire grand bruit... l'Afroswing !
Malgré un mélange de trap et de sonorités africaines déjà connu en nos vertes contrées, la comparaison avec l'Afrotrap d'un MHD s'arrête là ; l'Afroswing puise également dans le Grime (forcément) et le Dancehall. C'est ce qui apparaît clairement chez Pa Salieu, jeune prodige du genre dont nous causons aujourd'hui. Héritier de J Hus et biberonné aux albums de Vybz Kartel, ce rappeur de Conventry d'origine Gambienne a déjà un sacré vécu. Survivant d'une fusillade durant laquelle il prend une balle en pleine poire, Pa Salieu explose en janvier 2020 avec "Frontline", un clip qui donne un "bel" aperçu des quartiers pauvres de la banlieue de Birmingham.
S'en est suivi une série de clips au fil des mois, annonçant une première mixtape parue ce 13 novembre 2020 : Send Them To Coventry. Et si on sent bien sur certains titres que Pa Salieu a signé à la Warner -il faut bien gagner sa croûte et élargir son public-, il n'en reste pas moins que les 15 titres ont le mérite d'être à l'image de l'artiste et de ses influences. Certes inégal de notre point de vu, le projet est varié et vaut clairement le détour (quand bien même vous n'êtes pas un "block boy"), ne serait-ce que pour son banger absolu "My Family" (feat. BackRoad Gee), le faussement langoureux "Betty" et le très altier "B***k". À la fois dansant, sombre et fier de son héritage, Send Them To Coventry a tout d'une pépite, pour qui prendra la peine de lire entre les lignes -autrement dit entre l'obsession de l'argent, les règlements de compte, et une image de la femme parfois discutable-.
Outre ces trois morceaux, qui résument à eux seuls la teneur de l'album et son caractère hybride, les amateurs et amatrices de Dancehall autant que les trapézistes (#coucoualkpote) plus traditionnels y trouveront leur compte. Vous comprendrez tout de suite de quoi on parle à l'écoute de "Block Boy" et de "Informa" (feat. M1llionz), alors que la mixtape s'achève sur un titre fédérateur teinté de RnB en feat. avec la très talentueuse Mahalia : "Energy". Trève de parlotte, on vous laisse maintenant à vos impressions et/ou commander ici. Cheers !