Photo de couverture

Le Djoon fête ses 15 ans en 15 souvenirs

Et pour fêter ces 15 ans de musique, de danse, de joie, d'émerveillement mais aussi de galères, le Djoon organise un week-end à rallooonge du 27 au 30 avril avec une programmation digne d'un festival : Terrence Parker, Louie Vega, Jamie 3:26, Joe Claussell, Boddhi Stava… (places à gagner à la fin de l'article !)

Afshin et Adrien Assadian, les gardiens du temple du groove, on eu la gentillesse de nous accueillir au Trac (le petit frère version bar-concert du Djoon) pour nous plonger dans ces 15 dernières années. On a donc ramené à la surface les 15 meilleurs (et pires) souvenirs qui ont marqué l'histoire de ce club mythique !

Quand le Dj Booth était en hauteur...

Adrien : A l'époque des premières soirées, on avait la mauvaise idée de mettre le booth du dj dans la niche en hauteur, une sorte de cagibis où maintenant on ne place que les amplis sono. Pour certains djs comme Joren qui faisait 1m92, c'était assez complexe. Ça ne marchait pas non plus avec Timmy Regisford, je ne sais pas si tu vois la figure du personnage… Il fallait en plus grimper à l'échelle avec ton bac de vinyls et tu n'avais pas la place de mettre deux personnes. C'était vraiment pas recommandé ! Du coup on a très vite descendu le booth en bas.

La Dance Culture, la soirée signature du Djoon

Afshin : Au début, tout a vraiment commencé grâce à la Dance Culture avec Greg Gauthier et Timmy Regisford (dj emblématique de la scène underground new-yorkaise des 90's). Chacun était un emblème pour les danseurs : un à Paris, Greg, et un à New York, Timmy. Les danseurs de Paris venaient donc naturellement voir Greg et ceux de NY venaient voir Timmy. C'était vraiment une soirée de House dancers. Et je pense que c'est LA soirée marquante, celle qui a lancé les choses.

La danse et le Djoon, une histoire d'amour...

Afshin : A une époque, on avait des danseurs qui venaient régulièrement à toutes nos soirées. Maintenant ça dépend complètement des soirées et des artistes. Mais quand on fait la Dance Culture, je sais qu'il va y avoir 200 danseurs. A l'époque, c'était des House dancers de façon presque exclusive, alors que maintenant ça s'est super élargi au niveau des styles. La Dance Culture était un rendez-vous. Et quand tu réussis à instaurer un rendez-vous toutes les semaines, les gens viennent. On a poussé le côté danseurs et House Dance à fond à une période où le public avait besoin d'un lieu comme celui là. Quand je vois aujourd'hui la carrière de certains danseurs qui venaient danser le dimanche, ça me fait plaisir. Ils le méritent, surtout après avoir autant usé notre parquet ! (rires)

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© Stephane Sby Balmy

Le 13e arrondissement il y a 15 ans...

Afshin : Quand on est arrivés dans le 13ème il y a 15 ans, c'était très drôle parce que la grande avenue que tu vois ici archi bondée de monde (on était sur l'avenue de France) était fermée et pas encore construite. Donc on se retrouvait avec un établissement qui d'un côté avait le boulevard Vincent-Auriol et de l'autre... rien (rires). Déjà, tu te dis que ça va être compliqué ! Dans la tête des parisiens de l'époque, le 13ème n'existait pas, pour eux c'était uniquement le quartier chinois. Les gens venaient me voir et me disaient : "Franchement, vous êtes courageux de monter un club en banlieue" (rires).  Mais en même temps ce fut notre force : quand tu es dans un quartier où il n'y a rien pour sortir la nuit (sauf le Batofar à l'autre bout), ça te permet d'essayer des choses. Pendant tout cette période, on a énormément galéré, mais c'était aussi une période où on a eu une liberté énorme dans la prog. Et ça a toujours été un peu notre credo : on fait ce qu'on aime et on essaye de ne pas suivre ce que font les autres. C'est pour ça qu'on s'est retrouvés à faire du Chicago et du Détroit avant que tout le monde en fasse.

Peven Everett en live et Adrien sans sa chemise...

Adrien : Une des soirées marquantes pour moi, c'était il y a 2 ans quand on a fait Peven Everett en live. C'était IN-CRO-YABLE. J'ai perdu un bras une jambe et je suis reparti sans ma chemise. En fait le Djoon n'est pas vraiment adapté pour du live : on s'est retrouvés à monter une scène de 20m2 parce qu'ils étaient cinq (guitare, basse, batterie, clavier et chant). Le dancefloor et la scène ne faisaient plus qu'un. Donc même en remplissant au maximum, on a atteint que la moitié de la capacité par rapport à d'habitude. Alors que le plateau coûtait le triple ! Mais c'était vraiment dingue et magique d'avoir le groupe au complet.

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© Rémi Golinelli

Les Martinez Brothers et leur papa...

Afshin : En 2006, on a eu une grosse surprise avec les Martinez Brothers. On les a accueilli trois fois, mais la toute 1ère fois ils avaient respectivement 14 et 17 ans. On leur a expliqué qu'on ne pouvait pas les recevoir car ils étaient mineurs et qu'on était un club. Mais l'agent nous appelle et nous dit : "Non, non, mais leur père les accompagne". Leur père est donc venu avec eux, et ils ont fait un set super Soulful et Disco. Après la soirée, on a commencé à discuter un peu avec eux. Leur père nous dit : "J'ai plein de vinyles à la maison, et j'étais un fan du Paradise Garage. Ils venaient piocher dans mes vinyles à chaque fois !". On a compris que c'est grâce au papa qu'ils tenaient toute cette culture Disco.

L'histoire derrière le son "Work It Out"...

Adrien : Un son qui tourne vraiment vraiment beaucoup au Djoon depuis 2 ans, c'est Karizma, "Work It Out". On était là quand il a été signé : c'était en 2015 ou 2016, Seven Davis Jr l'a joué au Djoon Experience en Sicile, et quand le son commence, Marcel Vogel tape un sprint depuis l'autre bout du bateau : "C'est quoi ? C'est quoi ? C'est quoi ? Il me le faut !". Et Marcel a immédiatement appelé Karizma pour le signer sur le champ.

https://www.youtube.com/watch?v=hXtReKC4Ako

Moodymann et son rideau...

Afshin : La fameuse histoire du rideau ! Moodymann voulait absolument qu'on accroche un rideau avant qu'il joue. A l'époque, c'était parmi les premières fois qu'il venait et il tenait à respecter son apparence cachée qu'il affectionne tant. Donc il nous a demandé d'installer un rideau. Mais la vibe de la soirée était tellement folle, qu'au bout de 3h il a arraché le rideau !

La soirée où tout a sauté...

Adrien : C'était avec Antal en 2016, un truc comme ça. La soirée était géniale, le set était génial et puis à 4h45 précisément, tu as une meuf qui renverse sa pinte sur LA prise, où il y a la clim, la régie… tout ! Je ne sais pas comment elle a réussi son coup, mais elle s'est positionnée sur la prise où TOUT était connecté. C'était la merde, on a du trouver une rallonge de 10 mètres pour brancher ça ailleurs !

Louie Vega fait des heures sup'...

Afshin : Un des meilleurs moments en terme de vibes c'était avec Louie Vega et Theo Parrish. Un soir (ou plutôt un matin) où il n'y avait plus que 30 personnes dans le club. Et les gens de l'époque nous écrivaient : "Vous faites Louie Vega, c'est nul, n'y a que 30 pelos dans la salle…" Oui, mais il était presque 8h du matin, et le mec jouait depuis minuit ! Les dernières personnes présentes avaient vu le soleil se lever dans le Djoon, parce qu'à l'époque on n'avait pas les rideaux. Un très beau souvenir.

https://www.youtube.com/watch?v=nCYp7HNpOCU

Quand Timbaland veut faire la fête au Djoon...

Afshin : Un jour, un pote m'appelle de NY et me dit : "Est-ce que tu veux accueillir Justin Timberlake ?" On lui demande dans quel cadre et il me donne son téléphone pour que je lui propose de venir faire la fête. J'appelle et là je tombe sur une grosse voix de mec balèze qui n'arrive pas à comprendre que je veux parler à "Timberlake", et me propose finalement de parler avec Timbaland pour le faire venir au Djoon. La veille de la soirée, on rencontre le bras droit de Timbaland, et on se retrouve avec un gars qui nous raconte pendant 2h30 toute l'histoire du Hip-hop, parce qu'il était l'ancien garde du corps de 2Pac. Et c'était drôle parce que tout ça on l'a vu dans des films, alors que ce mec, lui l'a vécu ! Le jour même, on paniquait un peu parce que Timbaland a tardé à arriver. Mais il y avait un de ces potes déjà sur place : on a réalisé que plus tard qu'il s'agissait de Kanye West ! Finalement Timbaland s'est pointé avec pleins d'autres rappeurs. Le seul mauvais point de cette soirée, c'est quand son dj officiel a commencé à jouer. Il a joué un son… une catastrophe, comme jamais ! Il croyait nous faire plaisir en jouant tous les gros tubes House un peu cheasy français de l'époque. Au bout de 30-45 min, on lui a dit d'arrêter en prétextant qu'on ne voulait pas abuser de sa gentillesse. (rires)

15 ans de covers à l'image du Djoon

Afshin : Je viens d'une époque où on faisait encore des flyers : j'allais me prendre la tête pour aller chercher un papier parchemin, qu'il fallait imprimer de telle manière avec le tampon rouge de cire par dessus… L'aspect du toucher était très important pour moi. Donner sa patte à son club à travers la musique c'est une chose, mais à travers le design, c'est ce qui fait la petite différence. Ça nous a permis de développer une vraie identité visuelle. Je me charge de trouver les artistes, ensuite Adrien leur donne les directives pour la collaboration. On marche à l'instinct. Certains artistes s'identifient tellement au club, qu'ils nous ont sorti des bombes de covers !

Quelques covers waHou !

  • Black Coffee en tasse de café : le graphiste avait sorti une tasse de café incroyable qui était vraiment le visage de Black Coffee. 6-7-8 ans
  • Dimitri From Paris en petit serveur parisien : avec un plateau avec une tenue bien classe, un truc complètement loufoque. Cette image là elle est terrible !

La folie de l'Amsterdam Dance Event...

Adrien : En 2015, on a fait notre petit showcase au festival Amsterdam Dance Event, comme tous les clubs et labels du monde. Cette année là on avait récupéré un club en dehors du centre dans une ancienne église. Donc déjà on était dans un bon contexte. Et puis il y avait toute la scène Afro-House qu'on défend avec DjeffAfrozila, Zepherin Saint de Tribe, Boddhi Satva, Manoo et Mr Raoul K. Ceux qui ne jouaient pas étaient en backstage. C'était très intéressant parce qu'ils ont tous surenchéri ! Djeff sur la fin de son set était carrément en mode Kuduro. Ça partait fort, ça partait vite et là Boddhi reprend les platines, et en plein milieu de cette ambiance angolaise de 500 personnes, il coupe tout et il enchaîne sur Patrice Rushen "Haven't You Heard". Alors que tu as bouffé deux heures d'afro derrière, les gens ont pété un câble, c'était incroyable !

https://www.youtube.com/watch?v=QHxc3e2TJXc

Une surprise Hip-hop digne de ce nom...

Adrien : En 2015, on a invité Pete Rock pour un set Hip-hop. Tu n'aurais que ça, c'est déjà merveilleux, parce que Pete Rock en terme de Hip-hop, c'est quand même le sommet du sommet. Il commence son set, puis là t'as un mec en capuche qui débarque, et qui me demande "Hé mec, t'as pas un micro ?". En quelques secondes, j'ai capté que c'était Mos Def ! Au final, le mec a pris le micro, il s'est mis debout sur le caisson de basse et il est resté là pendant 40 min avec Pete Rock. Il ne voulait plus lâcher le micro ! Franchement, on a pris une claque !

La tempête improbable en Sicile...

Adrien : Alors l'année dernière, on a décidé de faire le festival en septembre. A la base, ça peut être un bon timing. Surtout qu'à Favignana, il fait beau 360 jours/an ! Pour te dire à quel point c'est improbable ce qui nous est arrivé : on s'est retrouvés avec une tempête ! Les locaux nous disaient que c'était la première tempête comme ça depuis 20 ans : de la pluie digne d'une mousson, des vagues de six mètres…

Bref, jeudi, vendredi le festival se déroule super bien, il fait beau, il fait chaud. Samedi on se tape un peu de pluie, mais rien de dramatique. Et dimanche matin, 9h, je reçois un coup de fil d'un pote qui est au port : il m'explique que le dernier ferry part à 15h et qu'il n'y en aura plus avant mardi ou mercredi… Mais là je me dis que tous les parisiens du festoch repartent le lundi... Du coup je me mets à courir dans tout le festival en criant "les gars, les gars, les gars" et je fous tout l'monde dehors "cassez-vous, si vous voulez quitter l'île avant mercredi c'est maintenant !". 

Ensuite, on a transformé à l'arrache le lobby de l'hôtel en club, parce que la mainstage était plus ou moins en plein air et qu'il pleuvait des cordes. Et on a quand même fait la fête avec les quelques survivants restants. Si je dois être coincé dans une tempête, je préfère être coincé dans une tempête avec Terrence Parker et Jus-Ed. Donc on fait la soirée. Sur la fin Terrence Parker casse tout. Bon il casse toujours tout. Mais là tu as des scènes complètement incroyables avec des gens qui dansent dehors sous la pluie. Finalement on a réussi à avoir un bateau pour 6h du mat, alors que la soirée finissait à 5h30. Tout le monde a pu être évacué. Moi je vais me coucher, fracassé, je me lève vers 10-11h et je te jure qu'il y avait un soleil RADIEUX ! 25 ou 30 °C, et il a fait super beau le reste de la semaine, alors qu'on a eu droit à l'apocalypse tout le dimanche. Donc cette année, on le fait au mois de mai !!!

Quelques souvenirs qui méritent une mention honorable…

  • La dernière fois que San Proper a joué au Djoon : il commande juste un jus d'orange. Je me dis cool ce soir il est zen. Une fois le jus d'orange sur la table il fait "Ok, je vais prendre un double shot de vodka maintenant". Ce soir là il a vidé 2 bouteilles à lui tout seul ! (Rires)
  • Adrien enfant au Djoon en pyjama avec son doudou ? : c'est ce que la légende raconte. Mais dans les faits, Afshin était assez strict. J'ai vraiment connu le Djoon vers mes 16 ans en m'occupant du vestiaire pour les soirées et en faisant les dimanches en mode danseur de 18h à minuit, entrée gratuite, pas d'alcool… Ça initie.
  • Hunee qui joue du Francky Vincent : Franchement je trouve ça très fort. Il a joué un morceau français, qui pour nous est un peu cheasy, mais ça veut dire que grâce sa culture musicale immense, il peut aller dans un pays et sortir un truc typique : "ça c'est un truc de votre culture, et je vous fais un petit clin d'œil". De toute façon Hunee et Antal ont une sélection incroyable à chaque fois : c'est des guerriers de la chine !
  • Le kebab d'Omar S : c'était drôle, il est arrivé dans le Djoon, tout posé avec son kebab qu'il était allé chercher tout seul. Il a fait sa contre-diva !

Et enfin, si vous etiez une boisson / un cocktail ?

Adrien : Un Old Fashioned, parce que je ne bois que ça d'une part et d'autre part, vu ma playlist et la vision du clubbing qu'on défend, je pense que ça colle plutôt bien. A déguster avec le son "Underground" de Curtis Mayfield.

https://www.youtube.com/watch?v=upCTRR1CI9w

Merci beaucoup à vous deux pour ce retour dans le temps explosif ! On a hâte d'user le parquet du Djoon ce week-end pour l'anniversaire, et les 15 prochaines années, qui promettent d'être toutes autant intenses :)

On vous fait gagner des places pour les 15 Years of Djoon Weekender juste ICI (merci de préciser pour quelle soirée vous voulez gagner des places).

Cheers !

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