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Label(le) Interview #9 | Vernacular Records - The Men and the Machine

Rencontre avec la team Vernacular suite à un mail reçu qui a su piquer notre curiosité … Déjà on les sent investis, car c'est rare de recevoir des demandes directes de promo ou d'interviews de la part des artistes. Vernacular Orchestra, qui a donné naissance au label Vernacular Records, c'est un crew de sept artistes passionnés, de puristes de la techno, de potes à la compote qui se supportent depuis 3 ans déjà, et qui ont décidé de tout partager (même leurs lits aussi, enfin presque). Leur crédo : le live et une improvisation la plus totale durant une ou deux heures, durant lequel l'Homme et les machines ne forment plus qu'un.

Ils viennent tout juste de balancer sur les ondes deux compilations intergalactiques : Vernacular Tapes Vol 1 et 2 qui leur permettent de donner un avant-goût de l'avenir du label et de promouvoir leur soirée de lancement le 2 juin aux Grand Voisins. 

Rencontre caféinée un samedi matin à Strasbourg Saint Denis avec le leader du crew Theo Pareush aka Soul Edifice et le duo THD, pour nous raconter un peu l'histoire de ce tout jeune label.

Théo Pareush : Vernacular était censé être un label au départ mais c'était un rêve de gosses, que ce soit avec Vincent ou les autres mecs du groupe, de pouvoir sortir notre musique et la faire partager aux autres. Finalement d'autres projets ont pris le dessus comme le live de Vernacular Orchestra où nous sommes 7 sur scène et le bébé a mis un peu plus de temps à éclore.

Pourquoi ce nom ? Vernacular Orchestra ? C'est atypique ! On est même assez fans au Limo. 

Théo Pareush : C'était pas Vernacular Spectacular non ? (rires) On avait un délire un peu cirque mais on l'a vite abandonné.

THD : Vernacular, orchestre, band... Parce qu'on voulait être rattachés au milieu du concert, et orchestra parce que c'est plus un orchestre de machines que de personnes. On ne voulait pas être juste assimilés à un groupe de musique électronique.

Parlez nous de votre première fois (sur scène).

THD : C'est Jérémy d'Exploration Musique, un crew dans lequel on jouait avant qui nous a proposé de faire un live à la Machine du Moulin Rouge pour les dépanner et on venait juste de monter le crew, donc concrètement on buvait des bières dans des caves en passant des disques, rien de très officiel. Ils avaient besoin de quelqu'un pour jamer et faire de l'impro pendant 3h et on était là !

Ça fait combien de temps que vous travaillez sur ce projet ?

THD : Ca fait bien deux ans et demi / trois ans, à raison de 10 heures par semaine.

Théo Pareush : Mine de rien ça nous a demandé un boulot de ouf, car ce n'est pas seulement de la répétition mais aussi de la création de musique, eux leur boulot, moi mon boulot, tout est relié à la musique. On a donc produit beaucoup de musique parce qu'on a sept artistes dans le label et on a emmagasiné beaucoup, beaucoup de sons.

Pas trop dur la coloc à sept ? (rires)

THD : On est à trois chez nous (juste à côté d'ici pour les groupies c'est Strasbourg Saint Denis), lui il squatte le canap (en parlant de Théo) et tout le monde squatte un peu globalement, parce que c'est chez nous qu'il y a les répétitions et le studio.

https://www.youtube.com/watch?time_continue=1&v=r6Bkr9myePw

Et donc Theo, t'es un peu le leader en fait ?

Théo Pareush : J'ai tout appris de mon cousin … Un de son nom de famille, Kim de son prénom ! Non, j'ai toujours voulu monter un groupe et on sortait d'un crew qui s'appelait Autarcie avec Vincent et on était un peu désabusés parce que certains avaient pris la grosse tête et que ça s'est mal terminés… C'est là que j'ai rencontré et décidé de m'associer avec tout le monde.

THD : On lui a répondu qu'il n'y avait pas de souci pour intégrer le crew mais qu'en échange on ne touchait plus à une page Facebook de notre vie. On a tous eu des crews avant qui n'ont pas fonctionné quand on était plus jeunes, là on a compris nos erreurs et on avance. On a vraiment sectorisé le groupe en fonction des compétences de chacun.

Où est ce que vous vous êtes déjà produits à Paname ?

Tous en chœur : Rex, la Station Gare des Mines, un festival en Belgique, les Grands Voisins, l'Alter Paname il y a quelques semaines… c'était le feu d'ailleurs !

THD : Et on joue aussi le 2 juin aux Grands Voisins ! On s'est passés le mot tu vas l'entendre beaucoup pendant l'interview.

Theo Pareush : Et on fait surtout la release party à la Station en septembre. Pour remise au clair, dans les prochains mois on va sortir 3 compilations : 2 au mois de mai, 1 au mois de juin … donc 15 morceaux en 2 mois, histoire de dire bonjour. L'objectif est de fertiliser le terrain pour l'arrivée de notre vinyl qui va sortir en septembre. Notre compil' digitale, c'est tous les artistes du label qui vont proposer des morceaux. Et au niveau du format du vinyl ce sera dans un premier temps 3 morceaux de Vernacular Orchestra, et un remix d'un artiste dont on est fans. On a tout fait ensemble, chacun apporte sa pierre à l'édifice, un vrai parcours du combattant !

Ce live à sept et donc à 14 mains, toute cette improvisation, ce n'est pas trop angoissant ? Et comment vous le travaillez pour que ce soit fluide ?

THD : Ça a été le bon bain de boue au début mais vu que là ça fait deux ans qu'on le travaille, ça va mieux ! (rires) Ça a surtout été deux ans d'apprentissage commun qui va de la psychologie au vivre ensemble au quotidien, et l'écoute de l'autre. Le truc qu'on a mis le plus de temps à apprendre, c'est donc se laisser de la place et communiquer.

THD bis : Moi je kiffe cette prise de risque de : on fait un live, c'est une full impro à chaque fois, on ne veut pas écrire l'histoire … C'est vraiment ça la techno en plus, t'es à un endroit, t'ouvres les vannes de la techno pendant une heure, tu les refermes … l'artiste d'après arrive et fait la même chose, et ça continue ☺

Votre plus gros fail sur scène, là où vous vous êtes dits on s'est bien plantés ?

THD : le Rex, c'était notre 5ème date mais on s'était mis une pression de malade et on s'est pas du tout écouté les uns les autres… nous on était plus partis sur un truc techno alors que les autres jouaient house, c'était un peu la cacophonie. Mais le plus gros fail sur cette date ce n'était pas nous en fait, les mecs de **** étaient venus pour nous live-streamer, tout avait l'air de bien se passer… On rentre à la maison, on commence à mater le live et là… Pas de kicks pendant toute la vidéo !

Comment vous imaginez le label dans 10 ans ?

Théo Pareush : Je pense qu'on est d'accord pour se dire qu'on aimerait pousser plus loin le concept, ne pas rester bloqué à la musique électronique. Avec Gustave de THD on s'est dit qu'on monterait bien un groupe de cold wave, ce serait l'occasion de pouvoir sortir ce genre de choses aussi. Je pensais à « Vernacular Voices » comme nom, ça nous permettrait de collaborer avec des chanteurs et d'apporter de la voix dans la production tout simplement.

THD : Robin du groupe est plus Hip-Hop / Trap, donc on a plein de productions dans ce style là sous la main. Il y a plein de rappeurs qui peuvent poser et pourquoi pas Deena Abdelwahed du label Infine à laquelle on avait pensé.

En terme de label, vous vous sentez proches de qui ?

Theo Pareush : Personne ! (haha) Exploration Records où on a fait des sorties mais qui n'existe plus … On est un peu des autistes ! Sinon de gens proches de nous, le Turc Mécanique, Pêché Mignon ou Acid Avengers. On est un peu dans notre bulle, on aime pas forcément savoir ce que font les autres parce qu'on a pas le temps de s'en préoccuper et car c'est démotivant de savoir qu'autant de monde fait de la musique.

THD : Pareil, anciennement Exploration Musique mais ce n'est pas du tout le même délire musical … Sinon RNS, c'est un peu l'idée. Ils ont sorti des albums noise rock, garage, et autre. Mixer c'est cool, donc on a puisé nos inspirations à droite et à gauche, mais au bout d'un moment on en a eu marre de jouer la musique des autres et on a surtout envie de jouer LIVE.

Theo Pareush: Vernacular Orchestra c'est vraiment une énergie, une performance live.

Vous avez déjà fait un live en plein milieu du public ? 

THD : C'était dans une grosse baraque près de Vendome, dans une sorte de grange où on était 80, et c'était le feu ! Nous c'est comme ça qu'on demande à jouer sur le rider, mais le problème c'est que dans la réalité c'est vraiment compliqué … C'est l'intégralité de notre vie qui se retrouve sur scène et si tu la laisses 3h au milieu d'une fosse techno, tu n'es pas certain de la retrouver en état …

Du coup c'est vrai que ça a eu un peu de mal à se mettre en place … C'est quoi votre perception de la scène techno à l'heure actuelle ? (poke à l'article de nos confrères de Sourdoreille)

THD : N'importe quoi la culture club à Paris en ce moment …

Theo Pareush : Le concours du plus gros plateau … oh ouais ! Non, si on peut y apporter quelque chose pourquoi pas, c'était même notre postulat de base. Pour nous, l'espace scénique c'est un espace où il doit se passer quelque chose avec le public et pour le moment c'est très statique, ça se prend vachement au sérieux.

THD : La vrai teuf pour nous, c'est un mur d'enceintes avec des gens qui dansent devant et le DJ au milieu. Point.

A quoi peut-on s'attendre pour votre date aux Grands Voisins le 2 juin ? 

Theo Pareush : Beaucoup d'amour, je pense même que je vais faire un discours pour leur dire que je suis content qu'ils nous reçoivent ! Mais aussi parce qu'il y aura surement mes parents, tous nos potes, bref toute la communauté Vernacular qui nous suit depuis le début. Parce que c'est ça notre force et ce qu'on veut réussir à transmettre, une esprit de communauté et des gens qui se retrouvent dans et autour de notre musique.

THD : C'est aussi l'endroit ou on a fait nos premières dates en tant qu'ingénieurs son, c'est la maison. 

Théo Pareusch : En terme de programmation, on retrouve le patron d'Exploration Musique Snowball qui fait partie intégrante du projet et qui est un peu mon mentor dans la musique électronique. On lui donne carte blanche pour jouer toute la soirée sur la scène extérieure et à l'intérieur on retrouve Puzupuzu, le seul italien et ivoirien que je connaisse qui va faire un live breaké et très percussif. Il n'y aura pas de fioritures en terme de scénographie car l'objectif est vraiment de mettre en avant les artistes. Et, il y aura un petit stand merch où on va vendre des mixtapes pirates.

Idéalement à terme, vous vous voyez vivre de ça ?

THD : Nous on a de la chance, on vit déjà de notre métier (ingénieurs son des Grands Voisins) donc c'est pas trop loin du compte mais si ca marche, ce serait bête de refuser.

Théo Pareusch : Si on peut en rester à faire que de la musique qu'on aime, allons-y ! On sait que ce n'est pas donné à tout le monde, voir a très peu de gens de vivre de sa musique, mais c'est clairement notre objectif à long terme. On est conscients mais rêveur.

Et la question jackpot, si le label devait être un cocktail ?

Tous en choeur : Un cercueil! Tu prends tous les fonds de verre de la soirée, un bon mélange  de Vieux Pâpe, de Grant's et de Poliakov au shaker!

Si vous avez bien tout lu et tout compris et parce qu'on ne l'a pas assez répété, on retrouve donc Vernacular Records aux commandes des Grands Voisins le 2 juin pour une grosse mise en orbite à partir de 18h !

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