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Orval Carlos Sibelius - Pop inquiète pour quotiden psyché (et vice versa)

  • Pour ceux qui aiment : quand pop en français et psychédélisme sonore s’accouplent pour donner naissance à des morceaux qui activent la zone cérébrale dédiée à l’introspection amusante et l’identification préoccupée.
  • À écouter pendant : l'after d'un spectacle de stand up organisé dans une station en orbite autour d’une planète terre plutôt mal en point, un bain de divertissement laconique où surnagent les évocations d’un réel désuet et pourtant pas si lointain.

Cela fait déjà un bon bout de temps qu'Orval Carlos Sibelius (Alex Monnaud dans la vie de tous les jours, qui se suivent et se ressemblent souvent, on ose le dire) est un acteur très actif de nos playlists, celles avec des morceaux d’un unique artiste, qui se suivent aussi, et même conçus pour cela. Oui, des albums.

Nous sommes en effet régulièrement charmés par son approche toujours renouvelée de l’exercice : sortir des disques tous les 3-4 ans, fabriqués avec soin et au processus créatif en plaisante évolution. Chansons lo-fi qui crépitent doucement, rock psyché anglophone pour montagnes russes, balades instrumentales pour se perdre, pop épique chantée en français… et avec Territoires de l’inquiétude, Orval Carlos Sibelius poursuit dans cette direction, empruntée par Ordre et Progrès (sorti en 2017 sur Born Bad), avec des chansons pop dans sa langue natale et psyché dans tous les sens du terme.

ORVAL CARLOS SIBELIUS - Vinyle (vidéo officielle)

En partant du fait que nous sommes rarement sensibles aux paroles dans la pop, on se retrouve les premiers étonnés à avoir autant apprécié l'écriture d'Alex Monnaud sur cet album. Entre fausse naïveté et poésie goguenarde, elle touche souvent au bon endroit. Celui qui nous fait soulever les sourcils très haut, laissant une grande place à toutes sortes d'émotions complexes et originales, pour qu'elles prennent forme et s'agitent librement derrière notre front.

Des chansons dont chaque mot semble avoir été patiemment observé et soupesé, formant des phrases aussi lunaires que terre-à-terre, comme prononcées pour la première fois. Sortes de slogans étranges scandés par un ami qu’on aurait jamais vu, aux frontières de l'ironie, de la sincérité perchée et oui, d'une certaine inquiétude.

L’exemple le plus concret est l'impact dévastateur (sans qu’on comprenne vraiment trop pourquoi) qu’a sur nous le morceau Fluide, la dépression anachronique ressentie pendant l’écoute de Dernier Contact ou une certaine jubilation anxiogène sur L'origine de nos viandes...

Comme d'habitude avec Orval Carlos Sibelius, les instrumentations ne sont pas en reste et sont même assez voluptueuses, abritées par une production aux petits oignons bien confits et passées au prisme d'un patchwork de mélodies entêtantes.

Territoires de l'inquiétude est un album aussi moderne qu’hors du temps, qui possède les qualités de ses défauts. Soit de devoir décanter doucement pour que son efficacité lumineuse puisse enfin tomber correctement sur la tronche. Il nous aura fallu plusieurs écoutes pour qu'il prenne une place, plus importante qu'on ne le pensait au départ, dans notre quotidien. Un peu plus psyché depuis, du coup.

Jean "Boris" Calin, le shlag salé
Jean Calin
Rédac-chef pas vraiment hyperactif mais tout même assez fidèle à ses principes, comme ne pas utiliser la première personne pour éviter de paraître autocentré, même s’il a parfaitement conscience qu’écrire une mini biographie à la troisième est encore pire. Tout comme on observerait un écureuil une après-midi d’automne, vous pourrez le retrouver régulièrement sur ce site en train de gratter frénétiquement son obsession pour la musique qui procure des émotions un peu tristes, du genre LA MELANCOLIE. PS : il galère à ne pas placer ce mot un peu partout. SVP, aidez-le.

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