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Musique Voyage #1 | Villeneuve & Morando feat. Vacarme - Artificial Virgins

On va vous parler de musique qui fait voyager, donc, au sens le plus noble du terme, en se concentrant sur notre ressenti. Car vous l'avez peut être compris, nous sommes au Limo davantage des consommateurs sensibles que des érudits cultuRés. Et puis ce que l'on aime par dessus tout, c'est bien le décollage de valve auditive et émotionnelle, la perte de repère agréable, confortable comme une perte de temps souhaitée.

Dans la nacelle 

Artificial Virgins, le premier EP du duo formé par les deux compositeurs et amateurs de synthétiseurs que sont Benoit de Villeneuve (Team Ghost, Villeneuve...) et Benjamin Morando (Discodeine, Octet...), accompagnés du trio de cordes Vacarme (Gaspar ClausChristelle Lassort et Carla Pallone).

Une création commune, fruit d'une résidence effectuée en 2016 pour l'excellent Yeah festival au château de Lourmarin, puis d'un concert qui avait un peu, beaucoup, troublé son monde.

Quatre titres qui s'étendent le long d'une vingtaine de minutes, sortis le sur les labels Doucement et Sounds Like Yeah.

La destination 

Un désert rouge. Qui s'avère être le titre des deux premiers morceaux de cet EP, certes, mais qui se révèle surtout étincelant, gorgé de lumière saturée et de matières en suspension mouvante. Un appel à la contemplation hallucinée d'événements pas si aléatoires que ça, peuplant ce paysage naissant devant nous.

Les inséparables deux premier titres du disque,"Désert rouge part 1 et 2" (qui avaient clos leur concert à Lourmarin) établissent sans trop prévenir un premier contact assez puissant. Une fuite en avant où l'on se laisse emporter par ce que l'on ressent face à des éléments en perpétuel mouvement, illustrés par les cordes aériennes de Vacarme. Un matériau organique brossé par les vents profonds échappés des synthétiseurs de Morando & Villeneuve, soudés pour alterner d'un bloc entre l'harmonie et la dureté.

Et c'est parti pour des tourbillons de lumières et cercles de poussières colossales qui nous explosent à la face, retombants progressivement au centre de notre vision, pour laisser la place à de soudaines accalmies. La plus longue de celles-ci est une pause étrange, laissant entrevoir un ciel mouvant et sombre, une brise ténébreuse s'occupant de réveiller sournoisement les cordes, luttant au sol en se frottant les unes aux autres. Des contacts un peu affolés, mais qui prouvent que la vie s'accroche toujours. Ce diptyque se termine par un nouveau souffle épique, comme un soleil géant se levant sur cette plaine plus si désertique, pour la réchauffer, de tout son cœur. Peut-être un peu trop d'ailleurs, mais la saturation semble consentie, le bruit porteur d'espoir.

Après un tel impact, les deux autres morceaux, "Anbandonned soundwave" et sa déclinaison "Constant", peuvent s'entendre et s'étendre tranquillement comme les ondes formées après le choc émotionnel de la première moitié de ce disque. L'excursion visuelle s'y fait plus régulière, plus concentrée, portant des images toujours aussi lumineuses tout en chérissant une certaine inquiétude un peu triste, mais en toile de fond seulement. Mélancolie qui finira ensuite par se dissoudre patiemment au gré de douces nappes de synthétiseur, un baume apaisant passé sur les cordes, enfin calmées après tant de va-et-vient.

Le voyage 

L'atterrissage 

L'album de Villeneuve & Morando verra normalement le jour courant de l'année 2018. On a hâte.
Vous pouvez vous procurer le vinyle d'Artificial Virgins en édition ultra limitée par ici.
Vacarme a également sorti son premier album au début du mois sur les Disques du Festival Permanent. On vous conseille de l'écouter.
Pour mater leur live commun en 2016 au festival Yeah, c'est par ici.

Villeneuve & Morando seront en live à la Gaité Lyrique à Paris le Samedi 3 mars, en première partie d'Alva Noto (ouh la belle soirée) : plus d'infos sur l'event

Jean "Boris" Calin, le shlag salé
Jean Calin
Rédac-chef pas vraiment hyperactif mais tout même assez fidèle à ses principes, comme ne pas utiliser la première personne pour éviter de paraître autocentré, même s’il a parfaitement conscience qu’écrire une mini biographie à la troisième est encore pire. Tout comme on observerait un écureuil une après-midi d’automne, vous pourrez le retrouver régulièrement sur ce site en train de gratter frénétiquement son obsession pour la musique qui procure des émotions un peu tristes, du genre LA MELANCOLIE. PS : il galère à ne pas placer ce mot un peu partout. SVP, aidez-le.

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