On le sait depuis un petit bout de temps maintenant, Kraftwerk continue son tour du monde, et après Düsseldorf, Londres, Sydney ou Amsterdam, le groupe installera ses machines à Paris du 6 au 14 novembre prochains pour jouer les huit albums de sa discographie.
Huit soirées pour huit albums donc, même si les puristes vous diront que l’œuvre de Kraftwerk est bien plus importante que celle promise début novembre à Paris. Pour l’occasion, les robots enchaîneront les disques Autobahn (1974), Radio-Activity (1975), Trans Europe Express (1977), The Man-Machine (1978),Computer World (1981), Techno Pop/Electric Café (1986 ), The Mix (1991) et le bien nommé Tour de France (2003).
Les places sont déjà toutes parties comme des petits pains mais il semblerait qu’il soit toujours possible d’en trouver sur des plateformes de vente et revente comme celle-ci par exemple. Les concerts auront lieu à La Fondation Louis Vuitton, sortie de terre, à l’initiative de Bernard Arnault dans le but d’“émouvoir et surprendre les publics en exposant le travail des créateurs dans un bâtiment innovant, fleuron d’une architecture emblématique”. L’addition est salée mais il faut bien avouer que cela vaut largement le détour.Le Saint graal, se trouve peut être par là !
Pour ceux qui seraient encore sur la béquille, un petit hommage à Kraftwerk s’impose.
Fondé en 1970, Kraftwerk au début, se compose seulement de Florian Schneider-Esleben et Ralf Hütter. Le premier joue de la flûte et du violon, le second du piano et de l’orgue. Leurs goûts partagés pour la musique expérimentale électronique, que la presse qualifiera plus tard de mouvance « krautrock », scellent définitivement leur amitié. Après une première expérience au sein du groupe allemand Organisation jugée insatisfaisante, le duo sort les albums Kraftwerk (1971), Kraftwerk 2 (1972) et le plus abouti Ralf und Florian (1973). A cette époque, sa musique très avant-gardiste rencontre un succès mitigé.
Le groupe recrute alors deux nouveaux musiciens aux percussions électroniques, Wolfgang Flür en 1973 et Karl Bartos en 1975. Très fortement influencé par les vastes complexes industriels de leur région (la Ruhr), le groupe reproduit dans ses disques l’atmosphère froide et répétitive de son quotidien. Une ambiance que l’on retrouvera dans l’oeuvre qui les fera réellement entrer dans l’histoire…
Novembre 1974, l’album Autobahn (autoroute, en allemand) sort, et le monde découvre, ébahi, la musique « électronique ».
Suivront Radio Activity, Trans Europe Express, Computer World ou encore plus récemment Tour de France, autant d’albums qui ne feront que confirmer l’influence majeure de ce groupe au fur et à mesure des années. De nombreux artistes déclarent avoir été fortement influencés par Kraftwerk.
C’est le cas des pionniers de l’Electro/Electro-Hip Hop, comme Afrika Bambaataa (dans Planet Rock d’Afrika Bambaataa, la mélodie est samplée sur Trans-Europe Express et le rythme sur Numbers), mais surtout à Détroit où le duo Cybotron puis les pionniers de la Techno (Juan Atkins, Derrick May et Kevin Saunderson) feront toujours référence à Kraftwerk comme une influence déterminante. Une seconde vague d’artistes de Détroit, parmi lesquels Underground Resistance, Drexciya ou Aux 88, se revendiquera de ce même héritage non seulement au niveau stylistique mais aussi dans l’esthétique de l’anonymat visuel développé par Kraftwerk (un anonymat que l’on attribuera par erreur aux daft punk, quelques années plus tard).
Bien sûr l’influence la plus évidente se retrouve chez les producteurs d’une electro plus froide, à l’univers technologique aseptisé, comme chez Plastikman, Anthony Rother, Dopplereffekt et Arpanet ; ou mélancolique et organique, comme Boards of Canada, M83, Marboss ou Nathan Fake. Mais Kraftwerk sera aussi une source d’inspiration pour des musiciens d’univers plus new-wave ou rock tels Depeche Mode, Simple Minds, OMD, Ride ou Coldplay.
Vous l’aurez compris, il s’agit là d’un groupe de légende pour toute la génération digitale et les images ci-dessous devraient achever de vous convaincre…
Kraftwerk, même 40 ans après, ça se déguste avec les oreilles, mais aussi avec les yeux !