La Machine du Moulin Rouge, c’est cette fameuse institution implantée en plein cœur du quartier de Pigalle, qui fait battre les cœurs et taper du pied de jour comme de nuit depuis 2010.
Mais avant de devenir cette rutilante Machine, le lieu abritait la Locomotive, soit le seul club dont les plus de quarante ans parlent encore, des étoiles plein les yeux, comme du meilleur endroit pour faire la fête à l’époque. La page se tourne en 2009, suite à la rencontre entre Jean-Jacques Clerico, dont la famille gère le cabaret voisin depuis 1955 et l’équipe de Sinny&Ooko, également à l’initiative des tiers-lieux que sont la Recyclerie, le Pavillon des Canaux et la Cité Fertile.
La Machine est toujours un labyrinthe dans lequel on aime se perdre. De la Chaufferie, petite cale où l’on se retrouve souvent dans une ambiance moite et joyeuse, au Central et ses soirées d’envergure en passant par le petit dernier, le Bar à Bulles, lieu de vie où l’on peut déguster un brunch le dimanche, l’enjaillement est total ! S’y rajoute aussi le Toit depuis 2017, petit rooftop / jardin secret connu seulement par une bande d’initiés.
Niveau programmation, le mot d’ordre est l’éclectisme pointu. De tout, oui, mais jamais n’importe quoi ! On a pu y croiser par exemple Jeff Mills avec sa résidence techno de 2012 à 2014 comme des collectifs locaux tels que la Mamie’s, Barbieturix ou encore Sonotown. Mais en citer quelque uns ne rend pas justice à la foisonnance d’un tel lieu. Ce que l’on retient surtout, c’est un mélange des genres, un métissage des populations et des styles qu’on ne retrouve pas dans n’importe quel club à Paris. Bonne nouvelle en ce début d’année : affranchi de toutes contraintes horaires, la Machine compte proposer plus de 150 concerts par saison.
On est allés demander aux copains et acteurs de la nuits parisienne quels étaient leurs meilleurs souvenirs sur place et on vous a fait un best of. On a mélangé fort et ça a donné ça. Places à gagner en bas de l’article ! Cheers.
Palms Trax forever
Ara du limonadier : Alors il faut savoir que Palms Trax est un de mes djs préférés. Je le suis depuis ses débuts donc je suis trèèèès bien renseignée. C’était le lancement de sa première résidence Cooking with avec la Mamie’s et je me suis retrouvée nez à nez avec lui en backstage. Je saute sur l’occasion pour lui faire la causette et j’ai fait comme si je n’avais jamais entendu parler de lui alors que je connaissais toute sa vie… J’ai même eu droit à un câlin quand il est parti. Une belle groupie !
Le plus beau plateau de notre histoire
Ben de Dure Vie : Mon meilleur souvenir du meilleur plateau de notre histoire ? La première fois qu’on a invité Mall Grab à la Machine en 2016, il n’a rien respecté et à 00h30 il enchaînait déjà avec un Mr Oizo « Vous êtes des animaux » devant un public bouche bée. Perso, j’ai grave kiffé et c’est surtout le plus gros plateau qu’on ait faits jusqu’à maintenant : Jeremy Underground, Lazare Hoche, Masomenos, Mall Grab et notre résident Serraw. Je ne changerai aucun des artistes de ce beau line up !
La fleur au fusil
Justine de Point Breakers : Au concert de Nitzer Ebb, j’ai envoyé une rose au chanteur qui a continué à chanter avec entre les dents une bonne partie du concert. Ce concert était incroyable, que des vieux rockeurs d’une cinquantaine d’années, des punks et … Arnaud Rebotini.
Grande créativité en backstage pour la soirée avec Partiboi69
Projections d’une nuit d’été sur le Toit
Eli du Limonadier : c’était la fin de l’été, La Machine avait prévu tout un tas d’évènements voir un mini festival pour mettre à l’honneur la culture japonaise sous toutes ses formes : autour de la food, de la musique et du cinéma. Je décide d’aller voir la projection Real Scenes : Tokyo de Resident Advisor sur le Toit. Un documentaire réalisé sur toutes les formes de musiques un peu expérimentales qu’on retrouve la bas. Un superbe moment dont je retiens notamment une chose : la loi Fueiho interdisait aux japonais de danser en club après minuit jusqu’en 2016 où elle commence tout juste à être modifiée, et les clubs qui n’avaient pas de licence de « dancing » étaient contraints de fermer vers 1h. Dingue !
C’est ce qu’on appelle se retrouver sous l’eau
Fantin de la Mamie’s : Alors je pense à cette soirée épique qui avait mal démarré mais qui s’est très bien terminée. L’équipe de la Machine qui nous prévient en last minute qu’on doit annuler la soirée parce qu’il pleut des seaux d’eau à l’intérieur du club en plein mois de mai. Avec photos à l’appui. Finalement on a filé chez Rinse et les artistes ont quand même joué le jeu et fait un b2b d’anthologie ! Mais aussi surtout pour notre première au club début 2013 pour les 8 ans de Syncrophone avec DJ Qu, Vakula, Tevo Howard et toute la team du disquaire de la rue des Taillandiers (Blaise, Didier, John et Zadig) avec laquelle on est encore assez proches.
Une sombre privatisation pour le Celsa
Joe Lewandowski avec Ensthal sous l’alias Iron Years : C’était mon tout premier set la bas pour une fete de fin d’année du Celsa précisément. Je ne savais clairement pas bien mixer. J’étais super stressé et le jour J le bouton cue ne fonctionnait pas. L’enfer. Finalement on a fait un set sympa mais les gens s’en foutaient et dansaient en nous écoutant poliment. Le Dj suivant est arrivé avec son portable et a mis du Baby One More Time qui a mis le feu … On était dégoûtés haha.
Louis Cole featuring un Brass Band ventripotent
Charles du limonadier : Pour être honnête, je ne suis pas un habitué de la Machine. Mais je n’ai pas loupé un seul passage de Louis Cole à la capitale depuis la chute du mur de Berlin qui n’a aucun rapport. En 2018, il est passé à la machine dans le cadre d’une tournée assez spéciale puisqu’il était en featuring avec un Brass Band improbable de quinqua ventripotent. J’ai adoré l’ambiance dans la salle et me rappelle avoir discuté au bar avec Eric Truffaz après la première partie, agréablement surpris de voir ce monument de la trompette jazz toujours curieux de venir écouter la nouvelle scène. Tout ce concert m’a semblé faire partie d’un tout très cohérent et rassurant. Le Dimanche soir parfait !
Queer Queer moustache
Témoignage sous X : J’avais ma cousine de 22 ans qui venait d’arriver à Paris pour la semaine, elle me dit très clairement qu’elle veut sortir pour rencontrer des mecs de son âge et écouter de la bonne musique. Naturellement, je pense à La Machine qui est une valeur sure. Enfin bon, normalement … pas trop de nanas à l’entrée mais jusqu’ici tout va bien et puis on franchit le sas … Une horde de mecs en harnais de cuir et le zizi à l’air … ca m’apprendra à mieux regarder la programmation la prochaine fois !
Passion escaliers
Jean Calin du limonadier : « Difficile de citer une soirée plus qu’une autre. Car mis à part quelques concerts mémorables (James Holden and & The Animal Spirits, Aquaserge, Zombie Zombie…), je suis surtout venu à la Machine pour faire danser mon cerveau, tard dans la nuit. Mes principaux souvenirs sont donc constitués de transes transpirantes et de mouvements corporels un peu trop enthousiastes. Mais dans tous ce gros bordel mémoriel, je retiens en particulier les innombrables aller retour en torche et forme olympique dans les escaliers faisant la jonction entre la grande scène et le mini club souterrain appelé la Chaufferie, où les soirées divisent souvent leur line up. Sans déconner, je me revois encore et toujours grimper ces marches 4 par 4 pour ne pas louper le début d’un set tant attendu dans le central, ou débouler dans l’autre sens tel un bébé sanglier qui a senti les bonnes grosses truffes qu’il allait se prendre dans le pif en entendant le bruit croissant du public de la chaufferie en train d’hurler d’excitation. Oh et tant qu’à faire, un petit mot d’amour pour l’atmosphère caliente typique de cette fausse cale / vrai cœur de la Machine, qui a fait tourner de nombreux moulins bien sanglants et chavirer autant de cœurs rouges fluo.
Avec tout ça, si on ne vous a pas convaincu de venir souffler leurs 10 bougies pendant les 5 jours de festivités qui commencent vraiment ce jeudi avec le prodige du jazz Kamaal Williams que nous avions longuement interviewé au Limo il y a deux ans juste ici, on brûle tous ensemble en after.